28 juillet 2009

Et pour quelques pépites d'or

Au Cameroun, j'étais venu chercher du fer, ce métal très commun mais extremement utile d'autant plus que les réserves tendait à manquer au vue des projection de la croissance mondiale notamment dans la construction (les ferraillages des batime,nts sont grands consommateurs de fer). En ces temps de crise économique, l'attrait pour ce métal a chuté, relégué par l'or, métal refuge par excellence. On a plutot tendance à planquer des lingots d'or que des barres d'acier sous son lit, non?Qu'à cela ne tienne!

L'or (Au) est un métal que l'on appelle géochimiquement sidérophile, c'est à dire qu'il a tendance à se concentrer dans les zones riche en fer. Il existe bien entendu tout un tas de gisement, les gisements associé au fer n'étant apparemment pas ceux qui produisent les meilleurs concentrations. Cependant un orpailleur camerounais dans la zone de Mbalam, sans grand équipement et ni grande organisation, était capable récupérer jusqu'à 10 g d'or par jour hors pépite exceptionnelle. Cetains m'ont affirmé avoir déjà trouver une pépitede 50 g (?). A environ 10 000 Fcfa le gramme, c'est nettement plus rentable que de travailler dans les camp de prospection du fer où les ouvriers sont payés environ 150 000 Fcfa du mois, pourtant un très bon salaire en brousse d'afrique centrale. Ce travail est par contre pénible, surtout pour le dos.

L'orpaillage, qu'est ce que c'est? C'est la récupération artisane de d'or en rivière. L'or est un métal aux carectéristiques physiques particulière. D'une part, il est quasiment inoxydable ce qui lui permet résister à l'épreuve du temps. D'autre part, il est très dense (19,3 si ma mémoire est bonne soit 19,3 fois plus dense que le même volume d'eau). Il a donc tendance à se déposer dans les sédiments de rivière sans se disperser au loin en aval. Ces zones d'accumulation s'appellent placer.

Ces placers sont rarement exploités industriellement.

Les gisements généralement exploités industriellement sont des gisements primaires issus de l'altération immédiate de ces derniers.

L'or native est l'or primaire. Il se forme généralement dans les roches très anciennes du socle cristallin. Au Mali, il s'agit du Berrimien. L'or est naturellement présent dans ce type de roche mais en concentration infime (on mesure la rentabilité d'un gisement en grammes par tonne (g/t) ou en ppm (partie par million). L'or se concentre par action hydrothermale, c'est à dire au fil des millions d'années et de l'histoire tectonique, des fluides chauds circulent le long des failles. Ils charient avec eux des atomes d'or. C'est ce type de zone qui génère les plus belles pépites.

Les gisements d'altération immédiate sont souvent les meilleurs gisements, non pas pour les concentrations mais pour les volumes de minerais. L'or se concentre dans le (ou les) premier mètre du sol autour du filon minéralisé et altéré. Il suffit alors de décaper le sol, ce qui est bien moins couteux que de réaliser des pits (ou carrière) profondes.

Revenons à nos moutons et au Cameroun.

Les camerounais de Mbalam exploite un gisement de type placer.

Suice et fût tamis

Leur technique est simple. Creuser des trous jusqu'au substrat ou jusque ça soit techniquement possible. Faire des tests de batée (coupelle en métal) et si le rendement est bon, multiplier les trous d'exploitation.

Travail de la batée

Les sédiments remontées sont d'abord tamisé à l'aise de la force de l'eau de la rivière et de trous perforés dans un ancien fût métallique. Ces sédiments se répandent ensuite sur ue planche inclinée traversée par plusieurs petites bandes transversales que l'on appelle sluice. L'or étant très dense, il a tendance à se déposer rapidement. Les sédiments les plus légers sont emportés dans le courant d'eau.

Les sédiments dense sont ensuite lavés à la batée. Les sédiments les moins denses sont expulsés progressivement, laissant en fin de compte entrevoir des paillettes d'or.

Les orpailleurs les mieux organisés mélange les sédiments sélectionnés par le sluice avec du mercure. Le mercure se colle très rapidmeent aux parlettes d'or et est facilement séparable. On parle d'amalgame. Le mercure piègeur est ensuite brulé à l'acide nitrique, ne laissant que les paillettes d'or pure mais dégageant par contre une fumée très toxique. Ce procédé améliore fortement les rendements mais l'emploi du mercure est malheureusmeent très nocif pour les rivières et l'environnement car le mercure migre dans toute la chaine alimentaire. J'ai vu au Mali des systèmes sur barge spéciale où le seul travail est de sucer les sédiments du fond de la rivière et de réaliser l'amalgamage au mercure. L'orpaillage reste souvent aléatoire et difficile à comprendre.

Merci d'avoir suivi ce petit propos sur l'orpaillage en Afrique.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut c'est Vince,

En tant que "laveur de sable" occasionnel, je te remercie pour cet article particulièrement instructif pour celui qui s'intéresse à ce sport.

je retiens le coup du "sluice et fût tamis", c'est très ingénieux !

Pour le traitement de l'amalgame à l'acide nitrique … faut pas tenir à la vie …

(Par ailleurs, j'ai tj pas compris en quoi l'usage du mercure était indispensable à l'efficacité de l'extraction de l'or, mais bon, on discutera de ça un autre jour.)

Quelques petites précisions cependant :

- 5 à 10 g/jour, pour un seul orpailleur, ça me paraît énorme, 75 à 150 €/ jour, c'est un salaire européen … C'est un chiffre qui correspondrait plutôt à une brigade de 3 orpailleurs.

- petite faute d'orthographe : sluice et non "suice".

- La densité de l'or est de 19,3 et non de 23, les métaux les plus denses : Ir et Os : 22,6

Petite question :

Quelle est la maille de criblage du fût-tamis ?

Encore merci.

Cyberjeje a dit…

Autant pourmoi pour la densité de l'or et l'ortographe du sluice.
pour ce qui est du rendement, c'était en moyenne 4 g/j/travailleur mais encore faut il avoir trouver une zone productrice. à 8 à 12000 Fcfa le gramme, ça fait environ 60€ par jour de chiffre d'affaire, oui c'est pas mal mais c'est un très gros boulot.
Il y a surement aussi des interédiaires qu prenent leur pan là dessus...
Bientôt un topo sur le fer, quand j'aurais le temps (et l'envie)

Cyberjeje a dit…

je sais qu'au Nord congo, il réussissait à sortir un peu plus d'or... On est plutot dans la fourchette 5 à 10.
Pour les trous du tami, ba leur calibrage est disons, heu, africain....

Seb a dit…

Et toi Vince, c'est quoi ton rendement dans la forêt de Caluire ?

Anonyme a dit…

Séb, c'est Vince,

1 - Il n'y a pas de forêt à caluire et je n'ai pas encore oser tripatouiller les sables de la saone et du Rhone.

2 - Je tripatouille les sables auvergnats, c'est plus simple.

3 - Je ne suis pas un chercheur d'or, mais un curieux de minéralogie, les sables denses, ça te dis quelque chose ? Grenats, olivine, disthène, ilménite, augite, magnétite, electrum etc ...

4 - Mon rendement journalier en or se limite à une dizaine de "points d'electrum", soit qlq mg tout au plus.

Si ça intéresse quelqu'un, on peut s'organiser une virée minéralogie, je voudrais tester les sables de la Dordogne chez Aymeric ...