20 février 2009

La Guadeloupe se réveille avec la gueule de bois


La Guadeloupe se réveille avec la gueule de bois. Visiblement un cyclone a dû pâsser très rapidement mais meteo France devait être en grève.

En tout cas, c'est plus très facile de circuler sur la voie express entre Basse Terre et Pointe à Pitre.


Je sais pas trop ce que c'est mais on dirait un nouveau "plateau" pour le passage du permis moto. Originale comme idée


Le développement durable, c'est au remplacer de asphalte par de la verdure...


En plus, c'est quand pratique. Grace au passage de ce cyclone, on est prévenu des radars et on risque pas de se choper des prunes.

Maintenant, si on se sent sale après une harassante journée de travail, on peut prendre un petit bain sur la route. Sympa pour être propre pour embrasser sa doudou à son retour du boulot. Merci le LKP!

La culture, c'est important. Voici le dernier exemple de l'art contemporain guadeloupéen.

La paix sociale devrait être achetée à coup d'euros, ce sucre empoisonné. Elle aura couté la vie d'un homme, dégradé profondément l'image de la Guadeloupe à l'étranger et mis KO durablement l'économie. Un homme libre ne porte pas de chaine, alors pourquoi
Pourquoi en arriver là? Pourquoi des rapports de force à mort, à l'image de Delgrès?
Domata, un Delgrès moderne? Certainement pas!
Mais à bientôt mon beau papillon métissé...

13 février 2009

Lyannaj kont pwofitasyon

Trois semaines déjà que la Guadeloupe est en grève générale, menée par un collectif d'une quarantaine d'association appelé "Lyannaj kont pwofitasyon " (LKP) qui signifie "Collectif contre l'exploitation".
D'abord passée complètement inaperçue dans les médias hexagonaux, l'affaire fait désormais régulièrement la une (ou la deuse) des journaux télévisés.
Revenons un peu sur les origines de cette crise.
La vie est chère en Guadeloupe comme dans tous les territoires d'outre mer d'ailleurs. C'est une situation assez normale liée à l'insularité et au fait que la plupart des produits sont importés. De plus, les fonctionnaires (environ 50% des emplois sont publiques en Guadeloupe) bénéficient d'un sursalaire de 40%, ce qui contribue également à faire monter les prix.
Le problème est que ce surcout dépasse parfois le raisonnable. Les loyers sont proches des loyers parisiens. Les billets d'avion pour l'hexagone ont pris près de 100% en quelques années. Surtout les produits de consommation courants sont souvent 50% plus chère voir plus. Pour vous situer le problème, le Hard discount est plus cher que les produits carrefour en métropole. Bref la vie est chère, c'est indéniable. Pourquoi de tels prix alors que les surcouts liés au fret et aux taxes sont de l'ordre de 15-20%.
Tout d'abord, il faut savoir que le marché antillais est très étroit, c'est à dire qu'il y a très peu de concurrence et que ce marché captif est controlé par une petite oligarchie souvent liées entre elles, une communauté que l'on appelle Béké et qui correspond aux descendants des aristocrates esclavagistes. Ils y pratiquent des marges déraisonnables.
A ce propos, je vous invite visionner la video suivante qui est assez édifiant sur le sujet.
En background, il est aussi à noter des tensions sociales importantes et teintées de racisme(C'est d'ailleurs en partie une agression raciste que j'ai subi qui m'a poussé à quitter l'ile), ainsi qu'un chomage de masse institutionnalisé (environ 25% de la population active) avec des enfants qui vivent sans ressources stable parfois jusqu'à 40 ans chez leurs parents. Beaucoup de monde survivent de RMI et des ti jobs.
Le 15 Décmebre 2008, le collectif dépose un ensemble de 120 revendications au préfet de Guadeloupe, qui semble t il, négligea passablement les délégués. Peu à peu, quelques autres viennent s'ajouter pour atteindre le nombre de 146.

Il s'en suit une manifestation qui obtient avec surprise un certain succès avec pour slogan:
la gwadloup sé tan nou, la gwadloup se pa ta yo. Yo pe ke fè sa yo vlé a dan péyi an nou
(la guadeloupe nous appartient, la guadeloupe ne leur appartient pas! Ils n'agiront pas comme ils le souhaitent dans notre pays)

Les revendications concernent essentiellement le coût de la vie avec une revendication populiste d'augmenter de 200 € tous les salaires, de diminuer fortement le prix du carburant (le prix du sans plomb culminait toujours 1,5€ du litre alors que le prix du pétrole avait été divisé par 3), de retarder l'application d'une loi modifiant les conditions d'accès à la fonction de professeur des écoles (la loi mettrait l'accès du concours au BAC+5, ce qui empêcherait, faute de formation suffisante, à bon nombre de Guadeloupéens d'accèder à ce poste convoité et surpayé), à harmoniser le prix de l'eau qui va du simple au triple, à promouvoir un centre culturel identitaire, et j'en passe, bien sûr...
Au passage, le drapeau que vous voyez parmi les manifestants est le drapeau indépendantiste

Le 20 Janvier 2009, une nouvelle manifestation est organisée. Elle a rassemblé 20 000 personnes, ce qui n'est pas négligeable comparé à la population totale de l'ile qui est d'un peu plus de 400 000 habitants. Le hasard fait que dans les jours précédents cette manifestation, une grève des gérants de station service était en cours contre au projet d'augmentation du nombre de points de vente, notamment de station service automatisé (En guadeloupe, l'essence est servie par un pompiste et non pas en libre service. C'est donc un pourvoyeur d'emploi et la densité de station très importante). Il n'y avait plus ou peu de carburant sur l'ile et les habitants. Les gens étaient bloqués chez eux et avaient donc le temps de suivre les débâts à la TV ou à la radio. Ils se sont donc mobilisés. Depuis cette date, la Guadeloupe est en grève générale. Les syndicats mettent la pression sur certaines entreprises pour qu'elles ferment leur volet. Rien ne tourne ou bien au ralenti. Les manifestations se déroulent dans le calme dans une atmosphère bon enfant ambiance "front populaire". Dernièrement les volte faces d'Yves Jego, secrétaire d'état à l'outre mer, les blocages réciproques et le récent appel à l'ordre de Mister Bling Bling laisse penser que l'acte final de cette pièce de théatre sera bien plus tendu. A la fois les CRS et le syndicat dominant, l'UGTG, sont habitués aux violences. Le collectif pousse déjà certains commerçants à baisser les rideaux.

Pourquoi une grève si dure? Tout cela me fait penser à un album d'Astérix et Obélix, où un jeune enfant caractériel, quand il n'avait pas ce qu'il voulait, retenait sa respiration jusqu'à devenir tout rouge et s'étouffer. La Guadeloupe, c'est un peu ça: un enfant gaté de la République qui préfère faire une tentative de suicide pour obtenir ce qu'il veut. Certains revendications sont très légitimes et le mouvement a le mérite de poser les problèmes. Mais la Guadeloupe doit sortir de son complexe de servitude, de cette soit disante exploitation. L'état providence n'existe plus. La France injecte des sommes colossale dans ses territoires d'outre mer et la solution ne vient pas de là car il s'agit d'un cadeau empoisonné augmentant encore plus la dépendance à l'assistanat en provenance de l'hexagone et éloignant la Guadeloupe de la réalité économique mondiale. Le Guadeloupéen moyen bouge très peu hors de son ile et ne se rend pas compte qu'il vit dans un cocon. Ressacer sans cesse les vieilles haines et les vieux modèles n'ont pas de sens. Privilégier les emplois au Guadeloupéens n'est ni plus ni moins que du racisme qui n'est pas conforme aux principes de République Française. Il faut avoir en tête qu'il y a plus d'antillais dans l'hexagone qu'aux Antilles... J'encourage personnellement les mouvements indépendantistes et libertaire mais une indépendance se prépare, notamment en stimulant l'activité productive privée au détriment du publique. Pourquoi entreprendre alors que les carrière de la fonction publique sont bien plus alléchantes. Il faut adapter ses besoins de consommations à ses moyens (adieu 4x4 et champagne, bonjour igname et fruit à pain. Saviez vous que la Guadeloupe est 1er départment français consommateur de champagne?). On ne peut être avide de subventions et rechigner à payer taxe et charges sociales. Le carburant est cher en Guadeloupe mais c'est aussi car les collectivités locales les taxent. C'est le seul véritable impôt qui rentre correctement sur l'ile. Augmenter les salaires c'est bien pour ceux qui travaillent mais c'est diminuer les chances de trouver du travail pour ceux qui sont au chomage et ça menace à brève échéance les entreprises et les emplois les plus fragiles, surtout en temps de crise économique mondiale. On appelle cela le partage des richesses et quand il n'y en a pas beaucoup, la part de gateau est petite. En 2003, une évolution statutaire avait été proposée aux guadeloupéens. Pourtant les électeurs avaient massivement votés pour le maintien du statut en l'état. Que veut réellement la Guadeloupe? Chers Guadeloupéens, vous avez déjà le beurre et l'argent du beurre, vous ne pouvez pas avoir aussi la fille de la crémière...

PS: mes excuses aux guadeloupéens que je pourrais blesser...