26 avril 2009

Je suis à Kidal

En Octobre 2002, j'avais été accueilli dans l'Azawad par un vent de sable . A tel point que notre petite équipée s'était perdue dans la désolation du Tilemsi, qu'on y voyait pas à 1 m et que seul le GPS nous avait permis de nous remettre sur de bons rails. Que diable étais je venu faire dans cette galère.
En Février 2004, je repartais du désert les larmes aux yeux. J'avais même mis mes lunettes noirs pour cacher mon émotions. Rebelotte: un vent de sable pour mon départ.

Je laissais derrière moi le souvenir d'une vie intensément vécue, prétrie d'amour et de liberté...

J'avais espérer quelques années y revenir, j'avais baissé les bras, mais c'est finalement quand je n'y croyais plus que la chance m'a souri.
Je suis à Kidal

Je suis à Kidal au service des Touaregs, pour tenter de leur apporter un modeste appui à leur problème d'eau. Espérons que je sois à la hauteur de mon "expertise internationale"...

En attendant quelques flash back de mon précédent séjour en vrac car je ne pense pas avoir le courage d'écrire quelques choses de très construits dans les prochains mois:

Kidal est une petite ville du Nord Est Malien correspondant à un massif montagneux très ancien implanté à une latitude saharienne. Chaque année en moyenne il pleut 50 à 150 mm par an. La ville est une création de l'administration coloniale français. En plein désert, Kidal servait de bagne pour toute l'Afrique de l'Ouest.... puis de prison politique après l'indépendance

Kidal, c'est une ville faite de cours. Contrairement au reste du Mali, les gens restent chez eux, certaines personnes ne sortent quasiment jamais de leur carré.

La population est très musulmane mais non pas intégriste. Ici une grande prière lors de la fête du Ramadan. Bon il y a quand même le GSPC (al Quaïda maghreb) qui rode en brousse qui qui chasse l'européen contre bonne rançon. Passons Kidal c'est la pénuirie d'eau quasi constante en période sèche. On fait la queue en attendant que le château d'eau se recharge.
Bref Kidal, c'est une ville dans le désert...
A côté de ça, la brousse est très variée avec de grandes plaines où vivent principalement les éleveurs de chameaux.
Ici un campement au milieu de nul part dans le Tamesna
Là un jeune berger du Tilemsi, étudiant en medersa comme le montre sa crête.
Un site "urbanisé" qui correspond plutôt à quelques boutiques ouvertes temporairement autour d'un point d'eau qui ne s'assèche pas en saison sèche et chaude.
Ici une vallée de l'Adrar (zone vallonée) en saison des pluies (hivernage) où l'on trouve plutôt de petits ruminants. Pour la petite histoire, c'est le site d'Ibdakane qui fut mon premier secteur de nomadisme.

Voici Watani, mon berger de l'époque et sa fille qu'il m'a proposé de garder en réserve pour mon mariage...

Et ses enfants (oui, seb, le marteau est là pour l'échelle géologique)
Quelques moments de bonheurs et de simplicité. De vie très proche de la nature
Voici quelques uns de mes moutons.
Et leurs petits attachés un temps pour nous permettre de boire du bon lait frais.

Et la nourriture dans tout ça. Disons que c'est pas bien équilibré: de la viande et des macaronis ou du riz en général. Du coucous en temps de fête. Beaucoup de thé et de la tagilat, cette galette de semoule cuite dans le sable, cassée en morceaux et arrosée de beurre liquide.

Du mouton cuit à l'étouffé dans le sable...
Pour les plus courageux, le Tarfa diarat, des intestins de chèvres cuits dans la panse avec des pierres chauffées. C'est heu... à découvrir....
Parfois quelques chasses à la biches (ou si vous préférez l'antilope)
La brousse est pleine de vie. La grande passion des habitants est la guitare, instrument de musique qui a gagné ses lettres de noblesse lors des dernières rebellions armées. Pour ceux qui le connaissent, le groupe de musique Tinariwen en est un pur exemple.
Une guitare en brousse au coin du feu.
un percussionniste couvert de poussière suite à un voyage réalisé sur le haut d'un camion algérien.
Ici un tendé (regroupement de femmes autour d'un instrument de percussion) entouré de chameaux (pardon de dromadaires) lors d'un mariage traditionnel en brousse.


La guitare est devenue une forme de contre culture touareg modernisée. Ici la piste de la radio Tisdas qui était un haut lieu de la danse touareg, en bref le night club principal de la ville.
Beaucoup d'amitiés sympathiques en souvenir. En ville, les jeunes se regroupent en groupe qui sont des associations d'entraide et d'organisation de fête.
Les femmes sont d'une grande beauté. Elles peuvent même rester dans votre tête de longs mois. Dommage qu'elles aient tendance à grossir avec l'age mais les normes de beauté locale sont ainsi.
Amitié souvenir avec le percussioniste des Tinariwen.... Mais c'est qui le toubabou déguisé en touareg?
Des aventures de malade, avec le recul bien risquées, comme celle qui m'a conduit à voyager à 15 dans la benne d'un Hilux pendant 700 km entre Kidal et Tombouctou en plein désert avec un chauffeur ancien militaire à moitié taré... La Hila ilala...
Pas mal de roches gravées en brousse, indiquant parfois la présence de girafe, preuve que le climat était plus clément il y a quelques centaines d'années.
Dernière ça, j'avais un job assez prenant même si bien peu rénumérateur. Aider les gens, du moins essayer...
Par la construction d'écoles....
La construction de puits....
Bref bref bref c'était le temps où j'étais l'homme bleu...
Un combattant de ma liberté...
Contre vents et marée....
Maintenant c'est à vous de venir me rejoindre dans cette aventure. Je vous attend à Kidal... si vous êtes assez fou pour venir prendre ce risque!

17 avril 2009

Le marais

Etre dans le marais, à lépoque de la révolution, c'était n'avoir pris parti ni pour les montagnards, ni pour les girondins. C'est être dans la non décision, dans l'incertitude.
Cette période de Janvier à Mars a été pour moi une période marécageuse. Un parachute foireux... Attention au crash... non, non, pas besoin sans façon. Ca va merci
où l'on se réfugie vers ses racines qui n'existent plus.
Le retour aux racines, à la terre quoi, salon de l'agriculture 2009

Le marais est une période propice au retour aux racines mais l'expatrié n'a plus de racine. Telle est sa malédiction. Il a un pied un peu partout mais nul part il n'est chez lui. Les vieux potes sont... vieux... Il est décalé de la réalité. Il semble vivre à une autre vitesse.
Cette mauvaise herbe n'a plus une racine mais des racines multiples qui sont plus fragiles. Ouverture d'esprit accru mais liens plus superficiels?
Je ne sais pas ce que vous en pensez? Le marais c'est un lieu qui sent mauvais mais c'est aussi lieu débordant de vie, pouponnière de nombreux animaux....

Bref retour aux sources dans cette vieille France...douce France, cher pays de mon enfance...
Le cité de Carcasonne, vide de monde, par un beau soleil d'hiver

La maison de mes parents sous la neige. Rien de tel pour réfléchir sur ce que l'on est et surtout ce que l'on n'est pas. Mes yeux de longue date tropicalisés s'émerveillent toujours de cette magie.
La vie n'a pas de parachute! La vie se vit au jour le jour! En route pour de nouvelles aventures! Amen