11 mai 2010

L'important n'est pas la destination mais le chemin...

Mai 2010: ma mission humanitaire en haiti touche à sa fin. Près de 3 mois intense la tête dans le guidon à essayer de réanimer un projet moribond. Réanimateur de projet. Peut être ai je raté une carrière dans la médecine. En tout cas le patient s'est réveillé avec quelques séquelles mais quoi de plus naturel après son long coma.

L'humanitaire: peut être le dernier espace d'aventures sur cette bonne vieille planète terre mondialisée. En dépit de contradictions lié au cercle vicieux de l'assistanat et de la substitution, et aux politiques extérieures des états (l'essentiel des fonds provient directement des états), l'humaniataire est une aventure concrète et passionante.

L'aide humanitaire se divise en 2 grandes catégories: l'aide d'urgence (pour répondre à des situations d'urgence: restauration des services élémentaires, distributions, etc...) et l'aide au développement (avec des objectifs sur le plus long terme). La mission que j'avais a réalisé se plaçait un peu à la charnière entre ces 2 conceptes. A la base projet de développement, le retard accumulé et la situation dans le pays l'a progressivement transformé en projet d'urgence, projet d'ailleurs sur certains aspects bien plus trash pour le chef de projet que certains projet sur la capitale dévestée.

Bref bref, la tête dans le guidon, une forte dose d'adrénaline, l'addiction au travail.... C'est bon mais vindiou, c'est fatiguant. Difficile de tenir ce rythme sur la durée.

Difficile aussi de motiver une équipe pas toujours aussi motivé qu'un volontaire. Pour les employés locaux, travailler dans une ONG, c'est avant tout job plutôt mieux payé que la moyenne. Pourtant à force, ils joignent eux aussi "la voie de la lumière".


Jerome et ses drôles de dames

Haiti est un pays complexe et complexé, un pays sous développé et hapé par la rêve américain à portée de main aux Bahamas ou à Miami. Fière dêtre la première nation d'affranchis. Honteux face à ce constat d'échec économie et socia patent dérivant vers une nouvelle forme d'aliénation.
J'en garde garde un bon souvenir. Celle d'une mission impossible finalement remise sur de bons rails.
Tuyau à transporter sur près de 3 h de marche en montagne à dos d'homme ou de mulet (Haiti est une ile très montagneuse). C'est un peu ça la mission impossible: des contraintes logistiques de fou

Paysage du haut nord Ouest avec au loin l'ile de la tortue, le fameux repaire des flibustiers français.
Maison isolée en montagne ayant bénéficié du projet

Canyon de "ouf" à faire franchir par les réseax d'eau à réhabiliter

Et Port au Prince dans tout ça. Ne vous inquietez pas. Une armée d'ONG est au chevet du désastre. Merci au média mais n'oubliez pas les catastrophes orphelines. Quand les caméras s'éloignent, les problèmes ne sont pas pour autant résolus
ACF s'occupe de différentes activités. Sécurité alimentaires (en gros de la distribution de nourriture), travail contre argent (la distribution d'argent contre des travaux intérêts généraux: en gros la distribution de jobs rémunérés au plus grand nombre), le soutien psychologique (bon là c'est un peu complexe pour moi), la logistique (vu le volume des projets, ça commence à en faire des commandes à expédier ou à recevoir et des véhicules à gérer: plus de 40 camions je crois). Pour ma part, ce sont les problématiques eau et assainissement qui m'ont occupé. A Port au Prince, il a fallu d'abord trouver des points d'eau disponible car les réseaux de distribtion n'étaient plus fonctionnel. Le mécénat de grands groupes de distribution d'eau français a permi d'envoyer matériel et technicien pour installer des unités de potabilisation d'urgence (chloration, UV, filtration, etc....).
Unités de potabilisation
L'eau est ensuite distribuée par des camions citerne (ou water trucking) un peu partout en ville dans des réservoirs souples que l'on appelle blader
un blader sur le Champ de Mars à Port au Prince


L'eau est ensuite distribué aux bénéficiaires par un système de ramp à robinets. Selon les statisque de ACF, l'ONG fournit de l'eau potable à environ 75 000 personnes même si ces bénéficiaires continuent souvent à acheter de l'eau osmosée pour leur besoin alimentaire. Les habitudes ont la peau dure. On rentre alors dans le domaine post crise du développement.



L'hygiène ensuite: le chaos engendré par la crise est propice à l'apparition de maladie lié au manque d'hygiène comme le choléra.
ACF a donc réalisé de nombreuses latrines régulièrement purgées et recruté de nombreuses dames pipi. Travail ingrat mais qui permet d'éviter une seconde catastrophe.


Photo symbole de la crise haitienne: à gauche le palais présidentiel effondré. Une photo qui a fait le tour du monde. A droite le grand marché de Port au Prince.... ah non, erreur. Il s'agit au fait d'un camp de réfugiés installé dans le parc en face du Palais présidentiel. Les bidonvilles gagnent les centres. Le pouvoir local et les ONG auront ils la force de maintenir cette situation provisoire. Sauront ils profiter de ce malheur pour réorganiser la cité. Le provisoire va t il devenir durable? Nul ne le sait mais aujourd'hui on commence à peine à réfléchir à l'après urgence.

Port au Prince 2010: j'y étais!
Encore une tranche de vie dans les terribles mais fabuleuses chroniques de Jerome le balafré. A force de s'accumuler, elles finissent par former un édifice. Chacun construit sa maison: la mienne est pleine de portes et de fenêtre: ordre de l'architecte en chef!
Finalement peu importe la destination finale, l'important est le chemin, le parcours réalisé. Quel déception d'atteindre sa destination. C'est tout un moteur de vie qui s'arrête et il faut se trouver de nouveaux objectifs. Alors autant se trouver une destination très lointaine, difficilement accessible commeça le chemin sera long et passionnant.
Prochaine étape: le Congo Brazzaville où je vais de nouveau revêtir mon costume de Iron Man 2 (comme pour le film) quelques mois pour rechercher des gisements de fer dans le jungle centrafricaine.