24 janvier 2008

Dakar, abomination urbaine ou nouveau Paris?

Un européen qui découvre l'afrique ne reste jamais indifférent à ce continent?Soit il le rejette, le refoule s'il n'arrive pas à dépasser ses repères occidentaux, soit il l'adore au delà de ses défauts, des images d'Epinal qui circulent et de notre paternaliste.
Moi comme tout bon drogué, j'ai doré ma première dose et je suis devenu dépendant et me voici de retour sur le continent ancestral au Senegal, petit pays d'Afrique de l'Ouest en plein Sahel juste en face de la Guadeloupe
Dakar, première étape d'un voyage qui me mènera aussi à Gorée, un ancien comptoir à esclaves puis plus au Sud la Casamance, ancienne province rebelle enclavée par la Gambie.
Tout d'abord, comparé à Bamako, Dakar est une très grande ville puisqu'un tiers de la population du Sénégal y habite soit 3 à 4 millions d'habitants. La première impression est celle d'une ville relativement moderne, des banques française avec des distributeurs un peu partout, des trottoirs, des voies express (en cours d'achèvement...), un climat relativement "frais", une pollution peu sensible (eh oui Dakar c'est la pointe de la presqu'ile du Cap Vert donc c'est bien aérée). J'arrête là les gentillesse! Non mais!
Dakar est l'ancienne capitale de l'Afrique Occidentale Française. Quelques rues du centre ville portent encore français mais honnetement il en reste plus grand chose. Quelques signes quand même: des boulangerie l'alsacienne ou des restaurants provençaux.... Une gare aussi qui fait terminus sur la Liaison ferroviaire Dakar Bamako. Joli mais faut pas trop regarder à l'intérieur.
Prochainement Dakar doit accueillir la conférence islamique accueillant tous les pays musulmans du monde. C'est une vitrine pour le pays et Wade, heu pardon Maitre Abdoulaye Wade, le président de la Pupublique sénégalaise, a décidé de travaux pharaoniques pour que Dakar soit la nouvelle Paris africaine.

Notez au passage ces magnifiques mini bus qui sillonnent la ville à toute vitesse (celui là avait d'ailleurs raté sa route). C'est comme à Bamako où ils sont verts mais là leur peinture leur donne un charme certain. Le hic c'est que ces travaux sont souvent très mal fait, mal étudiés et leur deadline ne sera probablement pas respectée. On parle même à Dakar de l'annulation de cette grande conférence. Bienvenue en Afrique!
Le point le plus désagréable à Dakar est le harcèlement de ses vendeurs de rue que l'on appelle Bana Bana. Ils n'ont pas leur pareil pour vous apitoyer et vous manipuler. Je me suis même fait avoir comme un bleu. Certains sont sympathiques voir adorable mais ils sont rares. Une seule solution: les ignorer totalement et si nécessaire les envoyer chier fermement. D'un côté, je ne leur en veux pas puisque le sénégal est pauvre et c'est souvent leur seul gagne pain. En plus j'arrivais en période de préparation de la Tabaski, la fête du mouton durant laquelle tout bon musulman doit faire son possible pour égorger un mouton et partager sa viande, ce qui est fort cher. Certains moutons, de la taille d'un veaux, valent jusqu'à 1 000 000 fcfa soit environ 1500€, une vraie fortune.... En l'espace de quelques heures, la ville devient une vaste boucherie

Ils sont pas mimi ces deux moutons amoureux. Ils ne savent pas encore qu'ils vont être prochainement égorgés au nom de Dieu.

Dieu, oui parlons en! Le pays Darkarois, dominé par la communauté wolof, est presque entièrement musulman mais la grande particularité du Sénégal, c'est ses confréries

Au nombre de quatre, du moins à ma connaissance, on distingue les Tidjania (majoritaire), les Mourides (la confrérie montant et bruyante), les Qadriades et les Layènes (les plus modérés). Chaque sénégalais est fier de sa confrérie et la revendique tout comme un Marseillais revendiquerait de supporter l'OM. Je qualifierais le Senegal de petite theocratie car personne, pas même le president Wade, ne peut ignorer les grands marabouts de ces confréries. Ils subventionnent les candidats et controlent les masses qui peuvent rapidement se déchainer. Les confréries sont également un système de redistribution de richesse, d'état parallèle. Elles financent des infrastructures comme des égouts par exemple et ont leur centre de pélerinage comme Touba qui est une sorte de Mecque bis. A Dakar j'étais quasiment voisin d'un important marabout des turbulents mourides. L'homme, obèse, à la voie caverneuse et grand marabout juste par filiation, se fait accompagner de ses talibés et de ses adeptes qui portent une effigie de lui autour du cou. Honnetement tout ceci serait classer au rang de secte en France. Un peu loin de l'Islam du désert que je connaissais. Ce gros marabout venait d'épouser une 5e femme, fort joli. Pourtant l'Islam n'en recommande que 4 au maximum. Pourquoi 5 alors pour un personnage religieux? Eh bien parce....heu....parce que! Plus étonnant encore: la dévotion. A la fin de la grande prière, certains fidèles bigots font la queue pour ramper à genous jusqu'au gourou....oups pardon marabout afin de récupérer des bénédictions en échange de quelques menus billets délestés. Et ça dépote (et les billets aussi....). L'homme prétend avoir reçu un don particulier de Dieu, moi aussi je l'ai ce don! Claude, tu pourras compléter toutes les autres prétentions magiques du gros bonhomme....

Ils sont beaux mes bijoux, achetés mes bijoux.... Je me suis découvert de la famille à Dakar et j'en suis bien heureux. Voici Claude, bijoutier pour la Jet Set Dakaroise (expatriés, notable sénégalais, fille de ministre, de princesse éthiopienne, recruteur de footballaurs). On trouve de tout au petit marché de la piste... Voici quelques une de ses fabrications surmesure:


Tout est possible au ti marché de la piste. Passez commande, je fais suivre (Claude, je prend 10 % sur les commandes. C'est bien normal, faut bien que je vive et la vie est chère en guadeloupe).





Un des atouts de Dakar et du Sénégal en général, c'est la mer. Le courant froid des canaries et un phénomène de uplift rendent les eaux de la cote Sénégalaise très poissonneuse car riche en plancton. Presque 1/3 de la population vit plus ou moins directement des produits de la mer. De nombreuses pirogues jonchent les plages et chaque matin et chaque soir, c'est le même rituel de sorties et des rentrées en mer des pêcheurs. C'est très joli d'autant plus qu'à la manière des mini bus, ces pirogues sont peintes. Mais les pêches sont de moins en moins abondantes. En cause les bateaux usines du Japon, de la Chine ou de la Corée...
Sortir de Dakar, oui c'est possible.... à condition d'avoir du temps. Dakar étant une presqu'ile, il n'y a quasiment qu'une seule route en sortir. C'est une "autoroute" où l'on croise aussi bien les gros 4x4 rutilant que les charettes à anes ou des pietons qui la traversent. Autant vous dire que les week end et veille de fête, c'est l'embouteillage. Les loyers à Dakar sont si élevés que de nombreux travailleurs doivent d'exiler à plusieurs heures d'embouteillage. Le trafic: la plaie des grandes villes africaines et la preuve d'un certain sous développement...
Sortir, mais pour aller où? à une vingtaine de kilomètre (et 4 h de route) de Dakar il a une curiosité naturelle: le lac rose. Il y a 30 ans c'était la pleine brousse mais aujourd'hui la ville l'a presque rattrapé. Le lac rose tient son nom de sa couleur par temps ensoleillé et venté.
Cette couleur est dûe à la présence d'une cyano bactérie dans le milieu hyper salin de ce lac. Le sel y est d'ailleurs exploité de façon artisanal en grattant le fond du lac. Moise marchant sur les eaux c'est peut être jouable là bas. Un endroit paisible quand même parce que parfois Dakar franchement ça pèse.... Vivement la brousse!
Une seule chose à faire en attendant: adopter la Diouf attitude!


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors la Jerome, si tu as survecu aux banas banas de l'Avenue Ponty tu est un vrai djolof...Bon les files d'embouteillage sur l'autoroute font qq kilometres de plus, Sentel s'appele desormais Tigo grace a la dioufattitude, mais sinon rien n'a vraiment change a Dakar depuis 1999. C'est particulier mais pour moi ca reste une ville attachante.

Cyberjeje a dit…

Oui Cedrick, Dakar a du charme, surement plus que Bamako mais... franchement, les bana bana, c'est vraiment lourd dingue. Après c'est vrai que que j'arrive en touriste durant une période où tout le monde a les crocs et que je n'avais pas tous les codes pour les éviter. Je ne dirais q'une chose:vive la brousse!