06 mai 2015

Dans la jungle a la recherche d'or dans un vieux compoir de la France tropicale: la guyane...

L'or, ce métal doré, malléable, dense (19,3), inoxydable, a, depuis la nuit des temps, susciter la convoitise des hommes.
Pourtant il ne sert pratiquement a rien industriellement, a l'exception de ses propriétés inoxydables et de super conducteur électrique. Il ne vaut que par sa rareté et par la valeur que leur donnent les gens, notamment pour thésauriser et épargner.

La Guyane française est le territoire français ou les roches sont les plus anciennes (environ 2 milliards d'années, paleo-proteozoique pour les initiés). La présence d'or est plus importante dans ces roches anciennes que dans les roches plus récentes que l'on trouve en France métropolitaine. A cette époque, le bouclier guyanais se sépare du bouclier Ouest Africain au niveau de la dorsale Nord Atlantique (théorie de la tectonique des plaques). Il s'en suit une activité volcanique importante d'arc volcanique. Les dépôts sédimentaires de ces volcans vont générer ce que les géologues appellent les ceintures de roche verte (greenbelt). Ils peuvent localement être très enrichis en or, jusqu’à plusieurs dizaines de grammes par tonne. De nos jours, les mines d'or qui s'ouvrent ont une teneur de or autour de 1 g/t.

La présence d'or est connu en Afrique de l'Ouest depuis le temps des romains. Le Mali, le Ghana et le Burkina Faso sont aujourd'hui d'importants producteurs d'or en Afrique.

La présence d'or en Guyane était déjà connu depuis le XIXe siècle mais dans les années 1990, d'importants prospections et inventaires ont été réalisés par le BRGM, le service géologique français. Ils ont permis de confirmer la présence d'indices miniers significatifs. Les tentatives industriels ont tournées court au tournant du millénaire face a la chute des cours de l'or mais un certain nombre d'exploitations artisanales exploitant l'or libre dans les alluvions des rivières dans la jungle a l'aide de lance a eau et tri gravitaire au rendement médiocre ont perduré. Parallèlement un grand nombre d'orpailleurs clandestins d'origine essentiellement brésilienne, se sont massivement implantés dans les zones propices. Leurs moyens sont rudimentaires mais ils sont bien organisés en réseau (mafieux) et utilisent parfois le mercure, très polluant, pour améliorer les taux de récupération d'or. Les Brésiliens travaillent en Guyane Francaise plutôt que dans leur pays d'origine qui a pourtant du potentiel car notre police est plus "délicate" que la leur.
Officiellement il sort chaque année environ 1 tonne d'or légal et a peu près 1 tonne l'or illégale . Officieusement on pense qu'il en sortirait jusqu’à 10 tonnes...
Pour information, il sort au Surinam environ 22 tonnes d'or par an pour un contexte géologique similaire. Curieux...
Appareil de tri gravitaire (ou sluice) d'orpailleurs clandestins

L'état français tente de faire respecter le droit dans la jungle mais le territoire est immense et incontrôlable. De temps en temps, une compagnie de militaires investit la foret. Les orpailleurs sont généralement prévenus a l'avance par leur réseau sur Cayenne (maîtresse brésiliennes des militaires, etc...) et au moment ou les militaires arrivent, tous les clandestins se sont volatilisés dans la foret, en emportant tout ce qui est transportable. C'est comme ça qu'a un certain moment, une quarantaine de militaire est venu accrocher leur hamac dans notre carothèque.
Les bidasses de retour d'une mission clando dans mon camp

A peine 1 jour après leur départ, pick up et quad des clandestins sont revenus chargés sur leur site d'origine. De retour de vacances en quelques sortes... Peu de temps ensuite, la foret se transforme en un vrai lieu de vie, avec bar, magasin et discothèque démontable.. Ça se passe comme ça au FarWest guyanais...

Vers 2008, une grosse société industrielle a essayé de monter un projet sur un important gisement potentiel a proximité de Cayenne (site camp caïman). La gisement est riche et facilement exploitable. Le projet avait obtenu toutes les autorisations requises mais au dernier moment, sous pression des organisations écologiques, Nicolas Sarkozy a décidé d'annuler le projet qui était trop proche d'un parc naturel. Exit les projets industriels... Pourtant interdire les exploitations industrielles est laisser la place aux exploitants illégaux les soucis environnementaux sont bien faibles et leurs cotisations sociales, par définition, nulles. Les projets industriels privilégient un processus de récupération par cyanuration. Ce mot fait peur mais en réalité il est bien plus facilement contrôlable (simple neutralisation par molécule hyper oxydante) et permet un taux de récupération de l'ordre de 90 %. Curieuse vision politiquement correcte de l'environnement ou comment les écologistes peuvent etre un pouvoir de nuisance... écologique... sans le vouloir et par ignorance technique. 
Me voila en Guyane , pour le meilleur et surtout pour le pire, dans un camp en pleine foret pour faire l'évaluation industrielle d'un nouveau projet minier, cherchant encore sa voie entre artisanat et professionnalisme. L'histoire tourne en eau de boudin: end of story...

Mon camp dans le foret


Épave d'un avion qui n'ira pas plus loin

Et la Guyane dans tout ca: la Guyane est un territoire relativement peu peuplé, a peine plus de 200 000 habitants, certainement bien plus en incluant la population illégale. C'est une très ancienne colonie qui ne s'est jamais véritablement développée, son climat étant peu favorable et propice aux maladies. Ancien bagne (Dreyfus y passera plusieurs années par exemple), c'est surtout aujourd’hui le grand centre spatial européen du fait de sa proximité a l'équateur et sa large fenêtre sur l'océan.
Cayenne ressemble un ancien comptoir colonial nonchalant. Une petite ville loin d’être saturée comme peut l’être Fort de France ou Pointe a Pitre. La différence notable avec les Antilles, c'est l'absence de domination numérique d'un groupe ethnique. La Guyane est une mozaique de populations, outre la population créole et métropolitaine, on retrouve de forte population de chinois (ils tiennent presque tous les commerces de détails en ville et parle souvent a peine le français), laosien, surinamien/taquitaqui, amérindiens (ils sont bien peu nombreux...), brésiliens... Le communautarisme puissance 2 avec en prime de nombreuses zones de non droit et de nombreux bidonvilles...
La pointe des Amandiers: et surtout ne fait pas caca sur toi, ok?

Une vieille battisse coloniale au centre ville
La cote au niveau de la place des Palmistes a Cayenne

La Guyane est surtout connu pour sa biodiversité extrême, l'intérieur des terres étant resté très préservé. Chaque expédition scientifique ramène a tous les coups son lot d’espèces inconnues.
Si la jungle est la zone la plus riche, les zones humides côtières le sont également. C'est une zone de frayage particulièrement riche en poisson, au plus grand bonheur des habitants qui font régulièrement des pêches miraculeuse en posant des filets permanents.
Je profite de mon passage a Cayenne pour visiter le marais de Kaw, haut lieu des Caïmans.
Le marais de Kaw vit au rythme des saisons des pluies. En saison humide, l'ensemble est couvert de 0.5 a 6 m d'eau essentiellement douce. La végétation, flottante, crée l'étrangeté du paysage. Le bétail, un troupeau important de Zébu, peuple la zone et nage parfois. Surréaliste...

Entrée du marais de Kaw


Zébus évoluant dans le milieu aquatique
Végétation flottant du marais de Kaw

En saison sèche (Septembre Octobre), ces zones humides s’assèchent et laissent place a un pâturage sauf dans le lit de la rivière. Le village de Kaw est complètement isolé et accessible uniquement en pirogue: un village du bout du monde en bref. On m'avait dit de me méfier mais j'ai trouvé les habitants, certes nonchalants, mais très sympathiques. Il en reste pas moins que par de nombreux points, cela ressemble a un village perdu d'Afrique ou de Haiti avec le travers des aides au développement mal gérées: ici voirie et égout préparé mais revêtement jamais terminé. L'argent aura sans doute disparu...
Voirie a l'africaine ou a la haïtienne (au choix)

Le clou du spectacle est bien évidemment les caïmans que l'on détecter la nuit avec leur yeux rouges, souvent un seul d.ailleurs. A croire qu'il vous surveille que d'un seul œil! En saison des pluies, ils sont difficiles a trouver car ils peuvent aisément se cacher. S' ils ont bien chassé auparavant et sont repus, ils peuvent rester une vingtaine de jour caché entre 2 eaux. Ils ne sont pas couverts d'écailles mais d'une peau écailleuses, assez douce d'ailleurs

 Petit caïman capturé

Je finirai cette petite note sur la Guyane en vous mentionnant l'histoire des Picolettes de Guyane. Non ce ne sont pas des nanas qui picolent mais un petit oiseau passereau qui est très réputé pour son chant, notamment en Guyane et au Surinam a tel point qui fait l'objet de concours et que les spécimens les plus talentueux peuvent valoir jusqu’à 15 000 euros. Quand ils vont en foret, les guyanais emportent avec eux un individu en cage afin qu'il attire ses congénères qui seront ensuite piégés. Pauvres bêtes...



Piège a Picolette

Pas de coup de cœur pour la Guyane mais peut etre est ce les circonstances, tant pis! Maintenant en route vers de nouvelles aventures!




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