31 janvier 2012

Col bleu

Quelques années déjà que ma vie d'explorateur géologue a commencé mais je n'avais jusqu'à présent jamais travaillé autour de projet déjà en production.
J'avais l'habitude de débarquer dans une nature plus ou moins préservée, renversant quelques arbres pour laisser passer les machines de forage vers les zones d'investigation sans voir véritablement les ravages de l'exploitation.
Cameroun - Le résultat "écowarrior" neo-zelandais infiltré... à moins que ce soit juste de funny ivrogne...

Pourtant le but en soi de l'industrie minière n'est pas de prouver l’existence d'une ressource mais bien l'extraire et de la rendre commercialisable.
En Nouvelle Calédonie, pas besoin d'aller trop profond pour découvrir la ressource. Le Nickel se concentre dans l'altération superficielle de la roche. Il est peu courant de trouver du minerais saprolitique à plus de 30 m de profondeur même si dans certains contexte, ça peut arriver. Du coup, les sommets des montagnes à la géologie favorable sont "décapités" et de larges surfaces de sol sont décapés,  générant des dégâts environnementaux autour des sites minières lorsque les sols et les verses (dépôt de stérile) ne sont pas stabilisés, notamment pour les exploitations anciennes qui ne faisaient pas grand cas de l'environnement.
Paysage lunaire d'une mine en activité - Cote Ouest Népoui (photo Jérôme Budna)

Autre vue aérienne mine de nickel - Cote Est Poro (photo récupérée sur internet)

Imaginez vous qu'à la base, cela devait ressembler à quelques chose comme ça. Eh oui... Ici le Mont Dore près de Nouméa (photo récupérée sur internet)

Il faut ensuite transformer le minerais. Là aussi, la méthode n'est pas des plus écologiques, notamment en raison de la consommation énergétique (four électrique) dans une ile dont l'essentiel de l'énergie est fournie par une centrale thermique au fioul (et un barrage hydroélectrique), et par les fumées que l'usine dégage vers la ville toute proche.
Le minerai est tout d'abord envoyé des centres d'extraction vers l'usine via des ports miniraliers (ou wharf) souvent équipés de tapis roulant. Ici le wharf de Tiébaghi dans le Nord de la Grande Terre. En raison de la faible bathymétrie du lagon et du tirant d'eau des bateaux, le chargement s'effectue un peu au large de la cote.

Four pyrométallurgique: sortie de fusion (Photo SLN)

Le procéssus métallurgique comprend une multitude d'étapes qui commence par la déhydratation du minérais, sa calcination puis sa fusion vers 1400 °C. Lors de cette fusion, les éléments sont ségrégé en fonction de leurs propriétés physico chimiques (densité, température de fusion, etc...). Le nickel tend à partir au fond du four. On obtient ce qu'on appelle du ferro-nickel qui pourra être purgé partiellement de son fer par des précédés supplémentaires pour arriver à un nickel bien plus pur que l'on appelle natte.

L'usine Doniambi de la SLN à Nouméa où l'on voit à gauche les cheminées de la centrale thermique et à droite celles des fours pyrométallurgiques

 Quelques vues à l'intérieur de l'usine

J'entend déjà mes amis gauchistes dire que c'est très mal, que c'est pas bô. En tout cas, en temps que col bleu, il y a la fierté de produire et à voir le résultat de notre travail. On sent d'ailleurs à l'intérieur de l'usine une certaine camaraderie digne du front populaire, une certaine fierté de classe (et un certain conservatisme aussi...). Et puis il faut bien produire la matière première pour la société de consommation mondiale!

Bref produire de la matière première minérale pollue. Bou Ba Pas bô Vilain...
Ok, je vous promet que j'arrête tout ça le jour où vous arrêtez de surconsommer...voiture, ordinateur, etc....
La déconsommation et la décroissance, vous commencez quand? Alors alors... C'est ça l'avenir pourtant! En avant

3 commentaires:

Seb a dit…

Je ne voudrais pas temettre au chomage quand meme ;-)

Seb a dit…

Sinon, tu peux toujours venir travailler dans le petrole, on ne detruit pas des montagnes...on pollue juste les oceans (ca se voit moins...)

Cyberjeje a dit…

Et pourquoi pas... Des idées?