07 mars 2012

Junta ou la politique sans les scrupules

Mon addiction aux jeux (de plateau) est bien connue. Il en est un que j'affectionne tout particulièrement: Junta, le jeu de la politique sans les scrupules.
Le jeu se déroule dans une petite république bananière d'amérique centrale (ce jeu ayant été créé par des auteurs américains) mais aurait pour avoir lieu dans bien d'autres parties du monde.
Chaque joueur contrôle une grand famille du pays qui manipule de grandes groupes de pression de la société civile tels que les syndicalistes, les conservateurs, les étudiants, les monarchistes, les paysans, et j'en passe... Les alliances contre natures sont tout à fait acceptables dans le monde de la junta, le but étant d'accéder la fonction de président démocratiquement élu à vie.
Ce poste à vie est très envié (quoique...) car le président est la seule personne à connaitre le montant de l'aide extérieure (comprenez l'aide de la coopération comme le FED ou l'USAID mais aussi toute rente minière ou pétrolière) qui distribue comme bon lui semble entre les différents postes ministériels ou militaires en fonction des alliances de circonstance et pour le crime de lèse majesté que serait un coup d'état militaire.
Un bon président est un président à vie qui réussit à rester en vie en arrosant harmonieusement ses adversaires politique et en réussissant à passer à la banque pour déposer son argent sur son compte en suisse, lieu de rendez vous préférer de la joyeuse confrérie des assassins. Et oui, ce jeu des années 1980 commence à dater un peu, aussi bien dans les mécanismes que dans le technologie: internet n'existe pas encore pour les virements et c'est bien dommage pour les hommes politiques!
Bref un bien bon jeu, bien cynique, un jeu qu'il faut pratiqué avec humour car reposant sur la fourberie. Il faut bien choisir ses partenaires de jeu car il peut arriver parfois certains s'énervent... Comment ça je suis fourbe?

Toute ressemblance avec notre belle France serait purement fortuite. A fortiori avec tout territoire éloigné dans le pacifique sud. Quoique... Quand on réfléchit bien, la Nouvelle Calédonie correspond assez bien à la définition de république bananière:
Elle vit largement de l'aide extérieure (les transferts financiers la France métropolitaine pour équilibrer les comptes publics largement déficitaire faute d'impôt à la hauteur de la masse salariale du secteur public) et dans une moindre mesure de la rente minière (le nickel et les investissements extérieurs qu'il draine, investissement qui vont se tarir avec la fin de la construction des nouvelles usines et la chute, probable, du cours du minerais de nickel au regard de nouveaux gisements mondiaux qui devraient entrer en production dans la décénnie à venir). La France investit dans des projets totalement déficitaires, au nom de l'équilibre territorial. Comme dit une chanson très populaire en Nouvelle Calédonie: "c'est qui qui paie qui paie, c'est la France qui paie..."
Le pouvoir réel est dans les mains de quelques familles qui contrôlent l'essentiel des marchés. Pire, si un concurrent tente de s'installer sur le caillou, les amis politiques du propriétaire local créeront rapidement une loi de protection (hausse des taxes d'importation, tracasseries administratives, restriction à l'importation). On ne s'attaque pas à un monopole sans y laisser des plumes en Nouvelle Calédonie.
Une des nombreuses Porsche Cayenne de l'ile sur le port de Nouméa. Un symbole de l'opulence de l'oligarchie des profiteurs du système calédonien et de l'argent qui s'étale

L'exemple le plus connu est le cas du Nutella ou encore l'unique opérateur de téléphone mobile mobilis. Il en va de même pour certaines professions libérales tel que les vétérinaires ou les kinésithérapeutes. Enfin l'innovation n'a pas sa place car l'apport de nouvelles technologies, sauf si elles sont vraiment évidentes,  pourraient menacer les revenus de ceux qui profitent des anciennes. Il y a quelques années, un "étranger" avait proposé de mettre en bouteille les eaux d'une source. Son projet avait été retoqué. Quelques mois plus tard, une personne plus proche du pouvoir proposait le même projet qui fut finalement accepté. Bref tout est fait pour que ceux qui ont des business juteux les gardent sans concurrence. Et s'il faut, une argumentation de type raciste (la "localité") sera mis en avant. Il n'y a pourtant pas de "localité" pour les calédoniens (caldoches, Kanak ou d'autres groupes) cherchant du travail en France métropolitaine (ou "Zorland"). En résumé, la Nouvelle Calédonie a tout d'un pays en voie de développement. Une grande disparité de revenus entre les habitants, une économie de rente, des communautés qui se détestent (comme le prouve le massacre de Maré en 2011)... La violence est bien terriblement présente dans cette société, surtout au regard de sa faible population (250 000 habitants). Mon petit doigt me dit que tout ça finira très mal. Wait and see...
En attendant, "c'est qui qui paie qui paie, c'est la France qui paie..."
La devise de la France n'est elle pas liberté - égalité - fraternité? Où est la liberté puisqu'un français d'origine non calédonienne n'a pas les même droits au travail qu'un calédonien de souche? Où est l'égalité entre les citoyens français puisqu'au bas mot, je pense qu'un calédonien de la province Nord doit bien toucher 10 à 20 fois plus de subventions publiques qu'un citoyen français lambda, et où une oligarchie s'accapare l'essentielle de la ressource produite. Sachez également que lors des futurs référundum sur l'auto-détermination devant se dérouler entre 2014 et 2018, seules les personnes ayant 10 ans de territoire en 1998 pourront y voter (soit environ 25 ans de territoire lors du vote).  Où est la fraternité? Ce pays est teinté de racisme. Pire, la France est souvent détestée. Curieux de mordre la main qui vous nourrit, non?
La France n'a plus d'argent entend-t-on sans cesse aux nouvelles. Sauf à flatter un orgueil nationaliste désuet et dorénavant absurde, pourquoi maintenir cette dépendant à la Nouvelle Calédonie. N'est il pas possible de réussir, enfin, une décolonisation! De trouver leur mode de société qui leur conviendra et avec leurs ressources propres, et ainsi dépasser leur complexe identitaire. Vivre dans une prison dorée, assis sur une poudrière, très peu pour moi, merci.
Comme dirait un ami: "New Caledonia, end of story!". Goodbye Kanaky
J'achève cette histoire avec quelques photos symboles de Nouméa.
Le kiosque de la place des cocotiers 



Le centre Jean Marie Tjibaou construit par Renzo Piano l'architecte de centre Georges Pompidou. Ce centre culturel est dédié à la culture Kanak contemporaine


La baie de Magenta à marée basse et au loin le mont Dore

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